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HISTOIRE DE FRANCE

Terrible histoire que celle des enfants de Philippe-le-Bel ! Le fils aîné fait mourir sa femme. La fille fait mourir son mari.

Le roi d’Angleterre, Édouard II, né parmi les victoires de son père et promis aux Gallois pour réaliser leur Arthur, n’en était pas moins toujours battu. En France, il laissait entamer la Guyenne et promettait de venir rendre hommage. En Angleterre, il était malmené par Robert Bruce ; mais il le poursuivait en cour de Rome. Il avait demandé au pape s’il ne pouvait, sans péché, se frotter d’une huile merveilleuse qui donnait du courage. Sa femme le méprisait. Mais il n’aimait pas les femmes ; il se consolait plutôt de ses mésaventures avec de beaux jeunes gens. La reine, par représailles, s’était livrée au baron Mortimer. Les barons, qui détestaient les mignons du roi, lui tuèrent d’abord son brillant Gaveston, hardi Gascon, beau cavalier, qui s’amusait dans les tournois à jeter par terre les plus graves lords, les plus nobles seigneurs. Spencer, qui succéda à Gaveston, ne fut pas moins haï.

L’Angleterre se trouvant désarmée par ces discordes, le roi de France profita du moment et s’empara de l’Agénois[1]. Isabeau vint en France avec son jeune fils pour réclamer, disait-elle. Mais c’est contre son mari qu’elle réclama. Charles-le-Bel, ne voulant pas s’embarquer en son nom dans une affaire aussi hasardeuse qu’une invasion de l’Angleterre, défendit à ses cheva-

  1. App. 141.