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L’ANGLETERRE. — PHILIPPE-DE-VALOIS

et traité cinq rois[1]. Les historiens du moyen âge parlent du commerce anglais comme on pourrait faire aujourd’hui.

« O Angleterre, les vaisseaux de Tharsis, vantés dans l’Écriture, pouvaient-ils se comparer aux tiens ?… Les aromates t’arrivent des quatre climats du monde. Pisans, Génois et Vénitiens t’apportent le saphir et l’émeraude que roulent les fleuves du Paradis. L’Asie pour la pourpre, l’Afrique pour le baume, l’Espagne pour l’or, l’Allemagne pour l’argent, sont tes humbles servantes. La Flandre, ta fileuse, t’a tissu de ta laine des habits précieux. La Gascogne te verse ses vins. Les îles, de l’Ourse aux Hyades, toutes, elles t’ont servi… Plus heureuse, toutefois, par ta fécondité ; les flancs des nations la bénissent, réchauffés des toisons de tes brebis[2] ! »

La laine et la viande, c’est ce qui a fait primitivement l’Angleterre et la race anglaise. Avant d’être pour le monde la grande manufacture des fers et des tissus, l’Angleterre a été une manufacture de viande. C’est de temps immémorial un peuple éleveur et pasteur, une race nourrie de chair. De là cette fraîcheur de teint, cette beauté, cette force. Leur plus grand homme, Shakespeare, fut d’abord un boucher.

Qu’on me permette, à cette occasion, d’indiquer ici une impression personnelle.

J’avais vu Londres et une grande partie de l’Angleterre et de l’Écosse ; j’avais admiré plutôt que com-

  1. Hallam.
  2. Mathieu de Westminster.