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HISTOIRE DE FRANCE

tait pas d’être comtesse de Beaumont : elle espérait que son frère rendrait l’Artois à son mari. Elle disait que le roi ferait justice à Robert, s’il pouvait produire quelque pièce nouvelle, quelque petite qu’elle fût.

La comtesse Mahaut, avertie du danger, s’empressa de venir à Paris. Mais elle y mourut presque en arrivant. Ses droits passaient à sa fille, veuve de Philippe-le-Long. Elle mourut trois mois après sa mère[1]. Robert n’avait plus d’adversaire que le duc de Bourgogne, époux de Jeanne, fille de Philippe-le-Long et petite-fille de Mahaut. Le duc était lui-même frère de la femme du roi. Le roi l’admit à la jouissance du comté ; mais en même temps il réservait à Robert le droit de proposer ses raisons[2].

Ni les pièces ni les témoins ne manquèrent à Robert. La comtesse Mahaut avait eu pour principal conseiller l’évêque d’Arras. L’évêque étant mort et laissant beaucoup de biens, la comtesse poursuivit en restitution la maîtresse de l’évêque, une certaine dame Divion, femme d’un chevalier[3]. Celle-ci s’enfuit à Paris avec son mari. Elle y était à peine que Jeanne-de-Valois, qui savait qu’elle avait tous les secrets de l’évêque d’Arras, la pressa de livrer les papiers qu’elle pouvait avoir gardés ; la Divion prétendit même que

  1. Le bruit commun était que Mahaut avait été enherbée. Quant à Jeanne, sa fille, « si fut une nuit avec ses dames en son déduit, et leur prit talent de boire clarey, et elle avoit un bouteiller qu’on appeloit Huppin, qui avoit esté avec la comtesse sa mère… Tantost que la Royne fut en son lict, si luy prit la maladie de la mort, et assez tost rendit son esprit, et lui coula le venin par les yeux, par la bouche, par le nez et par les oreilles, et devint son corps tout taché de blanc et de noir. » (Chron. de Flandre.)
  2. App. 152.
  3. App. 153.