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L’ANGLETERRE. — PHILIPPE-DE-VALOIS

un comte tout français, Louis de Nevers, qui n’était comte que par la bataille de Cassel et l’humiliation de son pays. Louis ne vivait qu’à Paris, à la cour de Philippe-de-Valois. Sans consulter ses sujets, il ordonna que les Anglais fussent arrêtés dans toutes les villes de Flandre. Édouard fit arrêter les Flamands en Angleterre[1]. Le commerce, sans lequel les deux pays ne pouvaient vivre, se trouva rompu tout d’un coup.

Attaquer les Anglais par la Guyenne et par la Flandre, c’était les blesser par leurs côtés les plus sensibles, leur ôter le drap et le vin. Ils vendaient leurs laines à Bruges pour acheter du vin à Bordeaux. D’autre part, sans laine anglaise les Flamands ne savaient que faire. Édouard, ayant défendu l’exportation des laines, réduisit la Flandre au désespoir, et la força de se jeter dans ses bras[2].

D’abord une foule d’ouvriers flamands passèrent en Angleterre. On les y attirait à tout prix. Il n’y a sorte de flatteries, de caresses, qu’on n’employât auprès d’eux. Il est curieux de voir dès ce temps-là jusqu’où ce peuple si fier descend dans l’occasion, lorsque son intérêt le demande. « Leurs habits seront beaux, écrivaient les Anglais en Flandre, leurs compagnes de lit encore plus belles[3]. » Ces émigrations qui continuent pendant tout le quatorzième siècle ont, je crois, modifié

  1. Mais en même temps il écrivit au comte et aux bourgmestres des trois grandes villes pour se plaindre de cette violence. (Oudegherst.)
  2. App. 157.
  3. Walsingham dit pourtant qu’on leur interdit pendant trois ans encore l’entrée de l’Angleterre : « Ut sic retunderetur superbia Flandritorum, qui plus saccos quam Anglos venerabantur. » Anno 1337.