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HISTOIRE DE FRANCE

singulièrement le génie anglais. Avant qu’elles aient eu lieu, rien n’annonce dans les Anglais cette patience industrieuse que nous leur voyons aujourd’hui. Le roi de France, en s’efforçant de séparer la Flandre et l’Angleterre, ne fit autre chose que provoquer les émigrations flamandes, et fonder l’industrie anglaise.

Cependant la Flandre ne se résigna pas. Les villes éclatèrent. Elles haïssaient le comte de longue date, soit parce qu’il soutenait les campagnes contre le monopole des villes[1], soit parce qu’il admettait les étrangers, les Français, au partage de leur commerce[2].

Les Gantais qui, sans doute, se repentaient de n’avoir pas soutenu ceux d’Ypres et de Bruges à la bataille de Cassel, prirent pour chef en 1337 le brasseur Jacquemart Artevelde. Soutenu par les corps de métiers, principalement par les foulons et ouvriers en drap, Artevelde organisa une vigoureuse tyrannie[3]. Il fit assembler à Gand les gens des trois grandes villes, « et leur montra que sans le roi d’Angleterre, ils ne pouvoient vivre. Car toute Flandre estoit fondée sur draperie, et sans laine on ne pouvoit draper. Et pour ce, louoit qu’on teinst le roy d’Angleterre à amy ».

Édouard était un bien petit prince pour s’opposer à cette grande puissance de Philippe-de-Valois ; mais il avait pour lui les vœux de la Flandre et l’unanimité des Anglais. Les seigneurs vendeurs des laines et les marchands qui en trafiquaient, tous demandaient la guerre. Pour la rendre plus populaire encore, il fit lire

  1. Meyer, anno 1322.
  2. App. 158.
  3. App. 159.