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L’ANGLETERRE. — PHILIPPE-DE-VALOIS

dans les paroisses une circulaire au peuple, l’informant de ses griefs contre Philippe et des avances qu’il avait faites inutilement pour la paix[1].

Il est curieux de comparer l’administration des deux rois au commencement de cette guerre. Les actes du roi d’Angleterre deviennent alors infiniment nombreux. Il ordonne que tout homme prenne les armes de seize ans à soixante. Pour mettre le pays à l’abri des flottes françaises et des incursions écossaises, il organise des signaux sur toutes les côtes. Il loue des Gallois et leur donne un uniforme. Il se procure de l’artillerie ; il profite le premier de cette grande et terrible invention. Il pourvoit à la marine, aux vivres. Il écrit des menaces aux comtes qui doivent préparer le passage, à l’archevêque de Cantorbéry des consolations et des flatteries pour le peuple : « Le peuple de notre royaume, nous en convenons avec douleur, est chargé jusqu’ici de divers fardeaux, taillages et impositions. La nécessité de nos affaires nous empêche de le soulager. Que Votre Grâce soutienne donc ce peuple dans la bénignité, l’humilité et la patience[2], etc. »

Le roi de France n’a pas, à beaucoup près, autant de détails à embrasser. La guerre est encore pour lui une affaire féodale. Les seigneurs du Midi obtiennent qu’il leur rende le droit de guerre privée et qu’il respecte leurs justices[3]. Mais, en même temps, les nobles veulent être payés pour servir le roi ; ils demandent une solde, ils tendent la main, ces fiers barons. Le che-

  1. App. 160.
  2. Rymer, ann. 1338.
  3. Ord., II, ann. 1330, ann. 1333.