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L’ANGLETERRE. — PHILIPPE-DE-VALOIS

naut en fit quatorze, qu’on nomma depuis les chevaliers du Lièvre. — … Avec tout ce et les estrifs (débats) qui étoient au conseil du roi de France, furent apportées en l’ost lettres de par le roi Robert de Sicile, lequel étoit un grand astronomien… si avoit par plusieurs fois jeté ses sorts sur l’état et aventures du roi de France et du roi d’Angleterre, et avoit trouvé en l’astrologie et par expérience que si le roi de France se combattoit au roi d’Angleterre, il convenoit qu’il fust deconfit… Jà de longtemps moult soigneusement avoit envoyé lettres et épistres au roi Philippe, que nullement ils ne se combattissent contre les Anglois là où le corps d’Édouard fust présent[1]. »

Cette triste expédition avait épuisé les finances d’Édouard. Ses amis, fort découragés, lui conseillèrent de s’adresser à ces riches communes de Flandre qui pouvaient l’aider à elles seules mieux que tout l’Empire. Les Flamands délibérèrent longuement, et finirent par déclarer que leur conscience ne leur permettait pas de déclarer la guerre au roi de France, leur suzerain. Le scrupule était d’autant plus naturel qu’ils s’étaient engagés à payer deux millions de florins au pape, s’ils attaquaient le roi de France. Artevelde y trouva remède. Pour les rassurer et sur le péché et sur l’argent, il imagina de faire roi de France le roi d’Angleterre[2]. Celui-ci, qui venait de prendre le titre de vicaire impérial, pour gagner les seigneurs des Pays-Bas, se laissa faire roi de France pour ras-

  1. Froissart.
  2. Idem.