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HISTOIRE DE FRANCE

surer la conscience des communes de Flandre. Philippe-de-Valois fit interdire leurs prêtres par le pape ; mais Édouard leur expédia des prêtres anglais pour les confesser et les absoudre[1].

La guerre devenait directe. Les deux partis équipèrent de grandes flottes pour garder, pour forcer le passage. Celle des Français, fortifiée de galères génoises, comptait, dit-on, plus de cent quarante gros vaisseaux qui portaient quarante mille hommes ; le tout commandé par un chevalier et par le trésorier Bahuchet, « qui ne savait que faire compte ». Cet étrange amiral, qui avait horreur de la mer, tenait toute sa flotte serrée dans le port de l’Écluse. En vain le Génois Barbavara s’efforçait de lui faire entendre qu’il fallait se donner du champ pour manœuvrer. L’Anglais les surprit immobiles et les accrocha. Ce fut une bataille de terre. En six heures, les archers anglais donnèrent la victoire à Édouard. L’apparition des Flamands, qui vinrent occuper le rivage, ôtait tout espoir aux vaincus. Barbavara, qui de bonne heure avait pris le large, échappa seul. Trente mille hommes périrent. Le malencontreux Bahuchet fut pendu au mât de son vaisseau[2]. L’Anglais, qui se disait roi de France, traitait déjà l’ennemi comme rebelle. La France pouvait retrouver trente mille hommes ; mais le résultat moral n’était pas moins funeste que celui de la Hogue et de Trafalgar. Les Français perdirent courage du côté de la mer. Le passage du détroit resta libre pour les Anglais pendant plusieurs siècles.

  1. Meyer.
  2. Froissart.