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L’ANGLETERRE. — PHILIPPE-DE-VALOIS

Tout semblait enfin favoriser Édouard. Artevelde dans son absence avait amené soixante mille Flamands au secours de son allié, le comte de Hainaut[1]. Cette grosse armée lui donnait espoir de faire enfin quelque chose. Il conduisit tout ce monde, Anglais, Flamands, Brabançons, devant la forte ville de Tournai. Ce berceau de la monarchie en a été plus d’une fois le boulevard. Charles VII a reconnu le dévouement tant de fois prouvé de cette ville en lui donnant pour armes les armes mêmes de France.

Philippe-de-Valois vint au secours ; la ville se défendit. Le siège traîna. Cependant les Flamands ne sachant que faire, allèrent piller Arques à côté de Saint-Omer[2]. Mais voilà que tout à coup la garnison de cette ville fond sur eux, lances baissées, bannières déployées et à grands cris. Les Flamands eurent beau jeter bas leur butin, ils furent poursuivis deux lieues, perdirent dix-huit cents hommes et rapportèrent leur épouvante dans l’armée. « Or avint une merveilleuse aventure… Car environ heure de minuit que ces Flamands dormoient en leurs tentes, un si grand effroi les prit en dormant que tous se levèrent et abattirent tantost tentes et pavillons, et troussèrent tout sur leurs chariots, en si grande hâte que l’un n’attendoit point l’autre et fuirent tous sans tenir voie… Messire Robert d’Artois et Henri de Flandre

  1. Après avoir quitté Édouard, qu’il servait en l’Empire, pour défendre Philippe au royaume, ce jeune seigneur, irrité des ravages que le roi de France avait laissé commettre en ses États, lui avait porté défi et s’était rallié au roi d’Angleterre.
  2. App. 161.