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HISTOIRE DE FRANCE

s’en vinrent au-devant d’eux et leur dirent : Beaux seigneurs, dites-nous quelle chose il vous faut qui ainsi fuyez… Ils n’en firent compte, mais toujours fuirent, et prit chacun le chemin vers sa maisen, au plus droit qu’il put. Quand messire Robert d’Artois et Henri de Flandre virent qu’ils n’en auroient autre chose, si firent trousser tout leur harnois et s’en vinrent au siège devant Tournai. Et recordèrent l’aventure des Flamands et dirent les plusieurs qu’ils avoient été enfantosmés[1]. »

L’Anglais eut beau faire. Toute cette grande guerre des Pays-Bas, dont il croyait accabler la France, vint à rien entre ses mains. Les Flamands n’étaient pas guerriers de leur nature, sauf quelques moments de colère brutale ; tout ce qu’ils voulaient, c’était de ne rien payer. Les seigneurs des Pays-Bas voulaient de plus être payés ; ils l’étaient des deux côtés et restaient chez eux.

Heureusement pour Édouard, au moment où la Flandre s’éteignait, la Bretagne prit feu[2]. Le pays était tout autrement inflammable. On peut à peine vraiment dire au moyen âge que les Bretons soient jamais en paix. Quand ils ne se battent pas chez eux, c’est qu’ils sont loués pour se battre ailleurs. Sous Philippe-le-Bel, et jusqu’à la bataille de Cassel, ils suivaient volontiers les armées de nos rois dans les Flandres, pour manger et piller ces riches pays. Mais quand la France, au contraire, fut entamée par Édouard, quand

  1. Froissart.
  2. App. 162.