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L’ANGLETERRE. — PHILIPPE-DE-VALOIS

les Bretons n’eurent plus à faire qu’une guerre pauvre, ils restèrent chez eux et se battirent entre eux.

Cette guerre fait le pendant de celles d’Écosse. De même que Philippe-le-Bel avait encouragé contre Édouard Ier Wallace et Robert Bruce, Édouard III soutint Montfort contre Philippe-de-Valois. Ce n’est pas seulement ici une analogie historique. Il y a, comme on sait, parenté de race et de langue, ressemblance géographique entre les deux contrées. En Écosse, comme en Bretagne, la partie la plus reculée est occupée par un peuple celtique, la lisière par une population mixte, chargée de garder le pays. Au triste border écossais répondent nos landes de Maine et d’Anjou, nos forêts d’Ille-et-Vilaine. Mais le border est plus désert encore. On peut y voyager des heures entières, au train rapide d’une diligence anglaise, sans rencontrer ni arbre ni maison ; à peine quelques plis de terrain où les petits moutons de Northumberland cherchent patiemment leur vie. Il semble que tout ait brûlé sous le cheval d’Hotspur[1]… On cherche, en traversant ce pays des ballades, qui les a faites ou chantées. Il faut peu de chose pour faire une poésie. Il n’y a pas besoin des lauriers-roses de l’Eurotas ; il suffit d’un peu de bruyère de Bretagne, ou du chardon national d’Écosse, devant lequel se détournait la charrue de Burns[2].

L’Angleterre trouva dans cette rare et belliqueuse population un outlaw invincible, un Robin-Hood éter-

  1. Voyez Shakespeare.
  2. Voyez l’Introd. de Walter Scott à son Recueil des Ballades du Border.