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L’ANGLETERRE. — PHILIPPE-DE-VALOIS

soutenus par Artevelde, écrasèrent les ouvriers (1345)[1].

Artevelde, qui ne se liait ni aux uns ni aux autres, voulait sortir de sa dangereuse position, céder ce qu’il ne pouvait garder, ou régner encore sous un maître qui aurait besoin de lui et qui le soutiendrait. De rappeler les Français, il n’y avait pas à y songer. Il appelait donc l’Anglais, il courait Bruges et Ypres pour négocier, haranguer. Pendant ce temps, Gand lui échappa.

Quand il y entra, le peuple était déjà ameuté. On disait dans la foule qu’il faisait passer en Angleterre l’argent de Flandre. Personne ne le salua. Il se sauva à son hôtel, et de la croisée essaya en vain de fléchir le peuple. Les portes furent forcées, Artevelde fut tué précisément comme le tribun Rienzi l’était à Rome deux ans après[2].

Édouard avait manqué la Flandre, aussi bien que la Bretagne. Ses attaques aux deux ailes ne réussissaient pas, il en fit une au centre. Celle-ci, conduite par un Normand, Godefroi d’Harcourt, fut bien plus fatale à la France.

Philippe-de-Valois avait réuni toutes ses forces en une grande armée pour reprendre aux Anglais leurs conquêtes du Midi. Cette armée forte, dit-on, de cent mille hommes, reprit en effet Angoulême, et alla se consumer devant la petite place d’Aiguillon. Les Anglais s’y défendirent d’autant mieux que le fils du roi, qui conduisait les Français, n’avait point fait de quartier aux autres places.

  1. App. 166.
  2. App. 167.