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L’ANGLETERRE. — PHILIPPE-DE-VALOIS

Caen, tout à point, un acte[1] par lequel les Normands offraient à Philippe-de-Valois de conquérir à leurs frais l’Angleterre, à condition qu’elle serait partagée entre eux, comme elle le fut entre les compagnons de Guillaume-le-Conquérant. Cet acte, écrit dans le pitoyable français qu’on parlait alors à la cour d’Angleterre, est probablement faux. Il fut, par ordre d’Édouard, traduit en anglais, lu partout en Angleterre au prône des églises. Avant de partir, le roi avait chargé les prêcheurs du peuple, les dominicains, de prêcher la guerre, d’en exposer les causes. Peu après (1361), Édouard supprima le français dans les actes publics. Il n’y eut qu’une langue, qu’un peuple anglais. Les descendants des conquérants normands et ceux des Saxons se trouvèrent réconciliés par la haine des nouveaux Normands.

Les Anglais, ayant trouvé les ponts coupés à Rouen, remontèrent la rive gauche, brûlant sur leur passage Vernon, Verneuil et le Pont-de-l’Arche. Édouard s’arrêta à Poissy pour y construire un pont et fêter l’Assomption, pendant que ses gens allaient brûler Saint-Germain, Bourg-la-Reine, Saint-Cloud, et même Boulogne, si près de Paris.

Tout le secours que le roi de France donna à la Normandie, ce fut d’envoyer à Caen le connétable et le comte de Tancarville, qui s’y firent prendre. Son armée était dans le Midi à cent cinquante lieues. Il crut qu’il serait plus court d’appeler ses alliés d’Alle-

  1. App. 170.