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HISTOIRE DE FRANCE

magne et des Pays-Bas. Il venait de faire élire empereur le jeune Charles IV, fils de Jean de Bohême. Mais les Allemands chassèrent l’empereur élu, qui vint se mettre à la solde du roi. Son arrivée, celle du roi de Bohême, du duc de Lorraine et autres seigneurs allemands fit déjà réfléchir les Anglais.

C’était assez de bravades et d’audace. Ils se trouvaient engagés au cœur d’un grand royaume, parmi des villes brûlées, des provinces ravagées, des populations désespérées. Les forces du roi de France grossissaient chaque jour. Il avait hâte de punir les Anglais, qui lui avaient manqué de respect jusqu’à approcher de sa capitale. Les bourgeois de Paris, si bonnes gens jusque-là, commençaient à parler. Le roi ayant voulu démolir les maisons qui touchaient à l’enceinte de la ville, il y eut presque un soulèvement.

Édouard entreprit de s’en aller par la Picardie, de se rapprocher des Flamands qui venaient d’assiéger Béthune, de traverser le Ponthieu, héritage de sa mère. Mais il fallait passer la Somme. Philippe faisait garder tous les ponts, et suivait de près l’ennemi ; de si près qu’à Airaines il trouva la table d’Édouard toute servie et mangea son dîner.

Édouard avait envoyé chercher un gué ; ses gens cherchèrent et ne trouvèrent rien. Il était fort pensif, lorsqu’un garçon de la Blanche-Tache se chargea de lui montrer le gué qui porte ce nom. Philippe y avait mis quelques mille hommes ; mais les Anglais, qui se sentaient perdus s’ils ne passaient, firent un grand effort et passèrent. Philippe arriva peu après ; il