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L’ANGLETERRE. — PHILIPPE-DE-VALOIS

n’y avait plus moyen de les poursuivre, le flux remontait la Somme ; la mer protégea les Anglais.

La situation d’Édouard n’était pas bonne. Son armée était affamée, mouillée, recrue. Les gens qui avaient pris et gâté tant de butin, semblaient alors des mendiants. Cette retraite rapide, honteuse, allait être aussi funeste qu’une bataille perdue. Édouard risqua la bataille.

Arrivé d’ailleurs dans le Ponthieu, il se sentait plus fort ; ce comté au moins était bien à lui : « Prenons ci place de terre, dit-il, car je n’irai plus avant, si aurai vu nos ennemis ; et bien y a cause que je les attende ; car je suis sur le droit héritage de Madame ma mère, qui lui fut donné en mariage ; si le veux défendre et calengier contre mon adversaire Philippe-de-Valois[1]. »

Cela dit, il entra en son oratoire, fit dévotement ses prières, se coucha, et le lendemain entendit la messe. Il partagea son armée en trois batailles, et fit mettre pied à terre à ses gens d’armes. Les Anglais mangèrent, burent un coup, puis s’assirent, leurs armes devant eux, en attendant l’ennemi.

Cependant arrivait à grand bruit l’immense cohue de l’armée française[2]. On avait conseillé au roi de France de faire reposer ses troupes, et il y consentait. Mais les grands seigneurs, poussés par le point d’honneur féodal, avançaient toujours à qui serait au premier rang.

  1. Froissart.
  2. App. 171.