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HISTOIRE DE FRANCE

Le roi lui-même, quand il arriva et qu’il vit les Anglais, « le sang lui mua, car il les haïssait… Et dit à ses maréchaux : Faites passer nos Génois devant, et commencez la bataille, au nom de Dieu et de Monseigneur Saint-Denis ».

Ce n’était pas sans grande dépense que le roi entretenait depuis longtemps des troupes mercenaires. Mais on jugeait avec raison les archers génois indispensables contre les archers anglais. La prompte retraite de Barbavara à la bataille de l’Écluse avait naturellement augmenté la défiance contre ces étrangers. Les mercenaires d’Italie étaient habitués à se ménager fort dans les batailles. Ceux-ci, au moment de combattre, déclarèrent que les cordes de leurs arcs étaient mouillées et ne pouvaient servir[1]. Ils auraient pu les cacher sous leurs chaperons, comme le firent les Anglais.

Le comte d’Alençon s’écria : « On se doit bien charger de cette ribaudaille qui fallit au besoin. » Les Génois ne pouvaient pas faire grand’chose, les Anglais les criblaient de flèches et de balles de fer, lancées par des bombardes. « On eût cru, dit un contemporain, entendre Dieu tonner[2]. » C’est le premier emploi de l’artillerie dans une bataille[3].

Le roi de France, hors de lui, cria à ses gens d’armes :

  1. Contin. G. de Nangis.
  2. Villani.
  3. Déjà elle servait à l’attaque et à la défense des places. En 1340 on en fit usage au siège du Quesnoy. En 1338, Barthélemy de Drach, trésorier des guerres, porte en compte une somme donnée à Henry de Famechon pour avoir poudre et autres choses nécessaires aux canons qui étaient devant Puy-Guillaume.