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L’ANGLETERRE. — PHILIPPE-DE-VALOIS

Cet immense malheur ne fit qu’en préparer un plus grand. L’Anglais s’établit en France. Les villes maritimes d’Angleterre, exaspérées par nos corsaires de Calais, donnèrent tout exprès une flotte à Édouard. Douvres, Bristol, Winchelsea, Shoneham, Sandwich, Weymouth, Plymouth, avaient fourni chacune vingt à trente vaisseaux ; la seule Yarmouth, quarante-trois[1]. Les marchands anglais, que cette guerre ruinait, avaient fait un dernier et prodigieux effort pour se mettre en possession du détroit. Édouard vint assiéger Calais, s’y établit à poste fixe, pour y vivre ou y mourir. Après les sacrifices qui avaient été faits pour cette expédition, il ne pouvait reparaître devant les communes qu’il ne fût venu à bout de son entreprise. Autour de la ville, il bâtit une ville, des rues, des maisons en charpente, bien fermées, bien couvertes, pour y rester été et hiver[2]. « Et avoit en cette neuve ville du roi toutes choses nécessaires appartenant à un ost (armée), et plus encore, et place ordonnée pour tenir marché le mercredi et le samedi ; et là étoient merceries, boucheries, halles de draps et de pain et de toutes autres nécessités, et en recouvroit-on tout aisément pour son argent, et tout ce leur venoit tous les jours, par mer, d’Angleterre et aussi de Flandre… »

L’Anglais, bien établi et en abondance, laissa ceux du dehors et du dedans faire tout ce qu’ils voudraient. Il ne leur accorda pas même un combat. Il aimait mieux les faire mourir de faim. Cinq cents personnes,

  1. App. 172.
  2. Froissart.