Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 3.djvu/277

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
267
L’ANGLETERRE. — PHILIPPE-DE-VALOIS

par jour, selon d’autres cinq cents[1]. « C’était, dit le Continuateur de Nangis, une effroyable mortalité d’hommes et de femmes, plus encore de jeunes gens que de vieillards, au point qu’on pouvait à peine les ensevelir ; ils étaient rarement plus de deux ou trois jours malades, et mouraient comme de mort subite en pleine santé. Tel aujourd’hui était bien portant, qui demain était porté dans la fosse : on voyait se former tout à coup un gonflement à l’aine ou sous les aisselles ; c’était signe infaillible de mort… La maladie et la mort se communiquaient par imagination et par contagion. Quand on visitait un malade, rarement on échappait à la mort. Aussi en plusieurs villes, petites et grandes, les prêtres s’éloignaient, laissant à quelques religieux plus hardis le soin d’administrer les malades… Les saintes sœurs de l’Hôtel-Dieu, rejetant la crainte de la mort et le respect humain, dans leur douceur et leur humilité, les touchaient, les maniaient. Renouvelées nombre de fois par la mort, elles reposent, nous devons le croire pieusement, dans la paix du Christ[2]. »

« Comme il n’y avait ni famine, ni manque de vivres, mais au contraire grande abondance, on disait que cette peste venait d’une infection de l’air et des eaux. On accusa de nouveau les juifs ; le monde se souleva cruellement contre eux, surtout en Allemagne. On tua, on massacra, on brûla des milliers de juifs sans distinction[3]… »

La peste trouva l’Allemagne dans un de ses plus

  1. App. 181.
  2. Cont. G. de Nangis.
  3. Idem.