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L’ANGLETERRE. — PHILIPPE-DE-VALOIS

que femmes grosses. Elles enfantaient qui deux, qui trois enfants à la fois. »

Ce fut, comme après tout grand fléau, comme après la peste de Marseille, comme après la Terreur, une joie sauvage de vivre, une orgie d’héritiers[1]. Le roi, veuf et libre, allait marier son fils à sa cousine Blanche ; mais quand il vit la jeune fille, il la trouva trop belle pour son fils et la garda pour lui. Il avait cinquante-huit ans, elle dix-huit. Le fils épousa une veuve qui en avait vingt-quatre, l’héritière de Boulogne et d’Auvergne, qui de plus lui donnait, avec la tutelle de son fils enfant, l’administration des deux Bourgognes. Le royaume souffrait, mais il s’arrondissait. Le roi venait d’acheter Montpellier et le Dauphiné. Le petit-fils du roi épousa la fille du duc de Bourbon, le comte de Flandre celle du duc de Brabant. Ce n’était que noces et que fêtes.

Ces fêtes tiraient un bizarre éclat des modes nouvelles qui s’étaient introduites depuis quelques années en France et en Angleterre. Les gens de la cour, peut-être pour se distinguer davantage des chevaliers ès lois, des hommes de robe longue avaient adopté des vêtements serrés, souvent mi-partie de deux couleurs ; leurs cheveux serrés en queue, leur barbe touffue, leurs monstrueux souliers à la poulaine qui remontaient en se recourbant, leur donnaient un air bizarre, quelque chose du diable ou du scorpion. Les femmes chargeaient leur tête d’une mitre énorme d’où flottaient

  1. Matteo Villani.