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HISTOIRE DE FRANCE

des leurs, tandis qu’il consulterait aussi son père[1].

Les États du Midi, assemblés à Toulouse, et si près du danger, se montrèrent plus dociles. Ils votèrent de l’argent et des troupes. Les États provinciaux, ceux d’Auvergne, par exemple, accordèrent aussi, mais toujours en se réservant l’administration de ce qu’ils accordaient. Le dauphin était pendant ce temps à Metz pour recevoir son oncle, l’empereur Charles IV ; triste dauphin, triste empereur, qui ne pouvaient rien l’un pour l’autre. De son côté, la reine mère s’en allait à Dijon marier son petit duc de Bourgogne, qu’elle avait eu d’un premier lit, avec la petite Marguerite de Flandre. Ce voyage coûteux avait l’avantage lointain de rattacher la Flandre à la France. Que devenait Paris, ainsi abandonné, sans roi, ni reine, ni dauphin ? Il voyait arriver par toutes ses portes les paysans avec leurs familles et leurs petits bagages ; puis, par longues files lugubres, les moines, les religieuses des environs. Tous ces fugitifs racontaient des choses effroyables de ce qui se passait dans les campagnes. Les seigneurs, les prisonniers de Poitiers, relâchés sur parole, revenaient sur leurs terres pour ramasser vitement leurs rançons, et ruinaient le paysan. Par-dessus, arrivaient les soldats licenciés, pillant, violant, tuant. Ils torturaient celui qui n’avait plus rien pour le forcer à donner encore[2]. C’était dans toute la cam-

  1. En les renvoyant ainsi à leurs provinces, il comptait sans doute sur les dissentiments infinis qui devaient s’élever entre des intérêts si divers, sur la jalousie des nobles contre les villes, des villes contre Paris, dont l’influence avait décidé la dernière révolution.
  2. « Une autre compagnie roboit tout le pays entre Seine et Loire, parquoi