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ÉTATS GÉNÉRAUX

pagne une terreur, comme celle des chauffeurs de la Révolution.

Les États étant de nouveau réunis le 5 février 1357, Marcel et Robert le Coq, évêque de Laon, leur présentèrent le cahier des doléances, et obtinrent que chaque député le communiquerait à sa province. Cette communication, très rapide pour ce temps-là et surtout en cette saison, se fit en un mois. Le 3 mars, le dauphin reçut les doléances. Elles lui furent présentées par Robert le Coq, ancien avocat de Paris, qui avait été successivement conseiller de Philippe-de-Valois, président du parlement, et qui, s’étant fait évêque-duc de Laon, avait acquis l’indépendance des grands dignitaires de l’Église. Le Coq, tout à la fois homme du roi, homme des Communes, allait des uns aux autres, et conseillait les deux partis. On le comparait à la besaguë du charpentier (bisacuta), qui taille des deux bouts[1]. Après qu’il eut parlé, le sire de Péquigny pour les nobles, un avocat de Bâville pour les Communes, Marcel pour les bourgeois de Paris, déclarèrent qu’ils l’avouaient de tout ce qu’il venait de dire.

Cette remontrance des États[2] était tout à la fois une harangue et un sermon. On conseillait d’abord au dauphin de craindre Dieu, de l’honorer ainsi que ses ministres, de garder ses commandements. Il devait éloigner les mauvais de lui, ne rien ordonner par les

    nul n’osoit aller de Paris à Vendôme, à Orléans, à Montargis ; ni nul n’osoit y demeurer, ains étoient tous les gens du plat pays affuis à Paris ou à Orléans ». (Froissart.) App. 197.

  1. App. 198.
  2. App. 199.