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HISTOIRE DE FRANCE

le langage est rude, le ton aigre et hostile. Il est évident que le parlement se refusait à soutenir les États et la Commune.

Les présidents, ou autres membres du parlement commis aux enquêtes, ne prendront que quarante sols par jour. « Plusieurs ont accoustumé de prendre salaire trop excessif, et d’aller à quatre ou cinq chevaux, quoique s’ils alloient à leurs dépens, il leur suffiroit bien d’aller à deux chevaux ou à trois. »

Le Grand-Conseil, le parlement, la chambre des Comptes, sont accusés de négligence. Des arrêts qui devroient avoir été rendus il y a vingt ans, sont encore à rendre. Les conseillers viennent tard, leurs dîners sont longs, leurs après-dîners peu profitables. Les gens de la chambre des Comptes « jureront aux saints évangiles de Dieu, que bien et loyalement ils délivreront la bonne gent et par ordre, sans eux faire muser. » Le Grand-Conseil, le parlement, la chambre des Comptes, doivent s’assembler au soleil levant. Les membres du Grand-Conseil qui ne viendront pas bien matin perdront les gages de la journée. — Ces membres, malgré leur haute position, sont, comme on le voit, traités sans façon par les bourgeois législateurs.

Cette grande ordonnance de 1357, que le dauphin fut obligé de signer, était bien plus qu’une réforme. Elle changeait d’un coup le gouvernement. Elle mettait l’administration entre les mains des États, substituait la république à la monarchie. Elle donnait le gouvernement au peuple, lorsqu’il n’y avait pas encore de peuple. Constituer un nouveau gouvernement