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ÉTATS GÉNÉRAUX

l’attendait à la Grève. Il le harangua d’une fenêtre, dit que ceux qui avaient été tués étaient des traîtres, et demanda au peuple s’il le soutiendrait. Plusieurs crièrent qu’ils l’avouaient de tout, et se dévouaient à lui à la vie et à la mort.

Marcel retourna au Palais avec une foule de gens armés qu’il laissa dans la cour. Il trouva le dauphin plein de saisissement et de douleur. « Ne vous affligez, monseigneur, lui dit le prévôt. Ce qui s’est fait s’est fait pour éviter de plus grands périls, et de la volonté du peuple[1]. » Et il le priait de tout approuver.

Il fallait bien que le dauphin approuvât, ne pouvant mieux. Il lui fallut encore faire bonne mine au roi de Navarre, qui rentra quatre jours après. Marcel et Le Coq les avaient reconciliés, bon gré mal gré, et les faisaient dîner ensemble tous les jours.

Ce retour du roi de Navarre, quatre jours après le meurtre des conseillers du dauphin, ne donnait que trop clairement le sens de cette tragédie. Il pouvait rentrer ; Marcel lui avait fait place libre par la mort de ses ennemis. Il lui avait donné un terrible gage, qui le liait à lui pour jamais. Il était évident que tout était fini entre Marcel et le dauphin. Ce crime avait été probablement imposé au prévôt par Charles-le-Mauvais, qui n’était pas neuf aux assassinats[2]. Marcel s’étant donné ainsi, le roi de Navarre avait désormais à voir ce qu’il en ferait, et s’il avait plus d’avantage à l’aider ou à le vendre.

  1. Chroniques de Saint-Denis.
  2. App. 207.