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HISTOIRE DE FRANCE

propres aux nobles, les parures militaires : « Chapeaux de castor, plumes d’autruche et fer de glaive[1]. »

Les chevaliers du quatorzième siècle avaient une autre mission que ceux des romans, c’était d’écraser le faible. Le sire d’Aubrécicourt volait et tuait au hasard pour bien mériter de sa dame, Isabelle de Juliers, nièce de la reine d’Angleterre : « Car il était jeune et amoureux durement. » Il se faisait fort de devenir au moins comte de Champagne[2]. La dissolution de la monarchie donnait à ces pillards des espérances folles. C’était à qui entrerait par ruse ou par force dans quelque château mal gardé. Les capitaines des places se croyaient libres de leurs serments. Plus de roi, plus de foi. Ils vendaient, échangeaient leurs places, leurs garnisons.

Cette vie de trouble et d’aventures, après tant d’années d’obéissance sous les rois, faisait la joie des nobles. C’était comme une échappée d’écoliers qui ne ménagent rien dans leurs jeux. Froissart, leur historien, ne se lasse pas de conter ces belles histoires. Il s’intéresse à ces pillards, prend part à leurs bonnes fortunes : « Et toujours gagnoient pauvres brigands, etc.[3] » Il ne lui arrive nulle part de douter

  1. Froissart.
  2. Idem.
  3. « Et toujours gagnoient pauvres brigands à piller villes et châteaux… Ils épioient une bonne ville ou châtel, une journée ou deux loin, et puis s’assembloient et entroient en cette ville droit sur le point du jour, et boutoient le feu en une maison ou deux ; et ceux de la ville cuidoient que ce fussent mille armures de fer… ; si s’enfuyoient… et ces brigands brisoient maisons, coffres et écrins… Et gagnèrent ainsi plusieurs châteaux et les revendirent. Entre les autres, eut un brigand qui épia le fort châtel de Combourne en Limosin, avec trente de ses compagnons et l’échellèrent, et gagnèrent le