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ÉTATS GÉNÉRAUX

Le prévôt était perdu. Sa seule ressource était de se livrer au roi de Navarre, lui et Paris, et le royaume s’il pouvait. Charles-le-Mauvais touchait au but de son ambition[1]. Marcel aurait promis au roi de Navarre de lui livrer les clefs de Paris, pour qu’il se rendit maître de la ville et tuât tous ceux qui lui étaient opposés. Leurs portes étaient marquées d’avance[2].

La nuit du 31 juillet au 1er août, Étienne Marcel entreprit de livrer la ville qu’il avait mise en défense, les murailles qu’il avait bâties. Jusque-là, il semble avoir toujours consulté les échevins, même sur le meurtre des deux maréchaux. Mais cette fois, il voyait que les autres ne songeaient plus qu’à se sauver en le perdant. Celui des échevins sur lequel il comptait le plus, qui s’était le plus compromis, qui était son compère, Jean Maillart, lui avait cherché querelle le jour même. Maillart s’entendit avec les chefs du parti du dauphin, Pépin des Essarts et Jean de Charny, et tous trois, avec leurs hommes, se trouvèrent à la bastille Saint-Denis, que Marcel devait livrer. « Et s’en vinrent un peu avant minuit… et trouvèrent ledit prévôt des marchands, les clefs de la porte en ses mains. Le premier parler que Jean Maillart lui dit, ce fut que il lui demanda par son nom : « Étienne, Étienne, que faites-vous ci à cette heure ? » Le prévôt lui répondit : « Jean,

  1. « Ad hoc totis viribus anhelabat. » (Contin. G. de Nangis.)
  2. Le plus grave historien de ce temps, témoin oculaire de toute cette révolution, le Continuateur de Guillaume de Nangis, qui rapporte ces bruits, semble les révoquer en doute : « On a du moins, dit-il, accusé depuis le prévôt et ses amis de toutes ces choses. » Voy. Perrens, Étienne Marcel (1860).