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ÉTATS GÉNÉRAUX

avec saisissement le péril où elle avait été sans le savoir ; tous joignaient les mains et remerciaient Dieu[1].

Telle fut la première impression. Qu’on ne croie pas pourtant que le peuple ait été ingrat pour celui qui avait tant fait pour lui. Le parti de Marcel, qui comptait beaucoup d’hommes instruits et éloquents[2], survécut à son chef. Quelques mois après, il y eut une conspiration pour venger Marcel. Le dauphin fit rendre à sa veuve tous les meubles du prévôt qui n’avaient pas été donnés ou perdus dans le moment qui suivit sa mort[3].

La carrière de cet homme fut courte et terrible. En 1356, il sauve Paris, il le met en défense. De concert avec Robert Le Coq, il dicte au dauphin la fameuse ordonnance de 1357. Cette réforme du royaume par l’influence d’une commune ne peut se faire que par des moyens violents. Marcel est poussé de proche en proche à une foule d’actes irréguliers et funestes. Il tire de prison Charles-le-Mauvais, pour l’opposer au dauphin, mais il se trouve avoir donné un chef aux bandits. Il met la main sur le dauphin, il lui tue ses conseillers, les ennemis du roi de Navarre.

Abandonné des États, il tue les États en les faisant comme il les veut, en créant des députés, en remplaçant les députés des nobles par des bourgeois de Paris[4]. Paris ne pouvait encore mener la France,

  1. App. 223.
  2. « Multum solemnes et eloquentes quam plurimum et docti. » (Contin. G. de Nangis.) App. 224.
  3. App. 225.
  4. App. 226.