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HISTOIRE DE FRANCE

grand bien, ni grand mal ; il y eut cependant des confiscations et des supplices contre le parti de Marcel[1]. Pour lui, il n’aimait, il ne haïssait personne. Il n’était pas facile de l’émouvoir. Au moment même de son entrée, un bourgeois s’avança hardiment et dit tout haut : « Par Dieu ! sire, si j’en fusse cru, vous n’y fussiez entré ; mais on y fera peu pour vous. » Le comte de Tancarville voulait tuer le vilain ; le prince le retint et répondit : « On ne vous en croira pas, beau sire[2]. »

La situation de Paris n’était pas meilleure. Le dauphin n’y pouvait rien. Le roi de Navarre occupait la Seine au-dessus et au-dessous. Il ne venait plus de bois de la Bourgogne, ni rien de Rouen. On ne se chauffait qu’en coupant des arbres[3]. Le setier de blé, qui se donne ordinairement pour douze sols, dit le chroniqueur, se vend maintenant trente livres et plus. — Le printemps fut beau et doux, nouveau chagrin pour tant de pauvres gens des campagnes qui étaient enfermés dans Paris, et qui ne pouvaient cultiver leurs champs, ni tailler leurs vignes[4].

Il n’y avait pas moyen de sortir. Les Anglais, les Navarrais couraient le pays. Les premiers s’étaient établis à Creil, qui les rendait maîtres de l’Oise. Ils

    grant front et large ; la chière ot assez pale, et croy que ce, et ce qu’il estoit moult maigre, luy estoit venu par accident de maladie ; chault, furieus en nul cas n’estoit trouvé. » (Christ. de Pisan.)

  1. App. 227.
  2. « Pensa ce prudent prince, ajoute Christine de Pisan, que si l’on tuoit cet homme, la ville se fust bien pu émouvoir. »
  3. App. 228.
  4. « Vineæ quæ amænissimum illum desideratum liquorem ministrant, qui lætificare solet cor hominis… non cultivatæ ». » (Contin. G. de Nangis.)