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ÉTATS GÉNÉRAUX

prenaient partout des forts, sans s’inquiéter des trêves. Les Picards essayaient de leur résister. Mais les gens de Touraine, d’Anjou et de Poitou leur achetaient des sauf-conduits, leur payaient des tributs[1].

Le roi de Navarre, en voyant les Anglais se fixer ainsi au cœur du royaume, finit par en être lui-même plus effrayé que le dauphin. Il fit sa paix avec lui, sans stipuler aucun avantage, et promit d’être bon Français[2]. Les Navarrais n’en continuèrent pas moins de rançonner les bateaux sur la haute Seine. Toutefois cette réconciliation du dauphin et du roi de Navarre donnait à penser aux Anglais. En même temps, des Normands, des Picards, des Flamands, firent ensemble une expédition pour délivrer, disaient-ils, le roi Jean[3]. Ils se contentèrent de brûler une ville anglaise. Du moins les Anglais surent aussi ce que c’étaient que les maux de la guerre.

Les conditions qu’ils voulaient d’abord imposer à la France étaient monstrueuses, inexécutables. Ils demandaient non seulement tout ce qui est en face d’eux, Calais, Montreuil, Boulogne, le Ponthieu, non seulement l’Aquitaine (Guyenne, Bigorre, Agénois, Quercy, Périgord, Limousin, Poitou, Saintonge, Aunis), mais encore la Touraine, l’Anjou, et de plus la Normandie ; c’est-à-dire qu’il ne leur suffisait pas d’occuper le détroit, de fermer la Garonne ; ils voulaient aussi fermer la Loire et la Seine, boucher le moindre jour

  1. App. 229.
  2. « Volo esse bonus Gallicus de cætero. » (Cont. G. de Nangis.)
  3. « Posuerunt se in mare, ut ad Angliam invadendum transfretarent. » (Idem.)