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HISTOIRE DE FRANCE

roi de France, dit Matteo Villani, vendit sa chair et son sang[1]. La petite Isabelle fut échangée, en Savoie, contre les florins. L’enfant ne se laissa pas donner aux Italiens de meilleure grâce que La Rochelle aux Anglais.

Ce malheureux argent d’Italie servit à faire sortir le roi de Calais. Il en sortit pauvre et nu. Il lui fallut, au 5 décembre (1360), imposer une aide nouvelle à ce peuple ruiné. Les termes de l’ordonnance sont remarquables. Le roi demande, en quelque sorte, pardon à son peuple de lui parler d’argent. Il rappelle, en remontant jusqu’à Philippe-de-Valois, tous les maux qu’il a soufferts, lui et son peuple ; il a abandonné à l’aventure de la bataille son propre corps et ses enfants ; il a traité à Brétigny, non pas pour sa délivrance tant seulement, mais pour éviter la perdition de son royaume et de son bon peuple. Il assure qu’il va faire bonne et loyale justice, qu’il supprimera tout nouveau péage, qu’il fera bonne et forte monnaie d’or et d’argent, et noire monnaie par laquelle on pourra faire plus aisément des aumônes aux pauvres gens. « Nous avons ordonné et ordonnons que nous prendrons sur ledit peuple de langue d’Oil ce qui nous est nécessaire, et qui ne grevera pas tant notre peuple comme feroit la mutation de notre monnaie, savoir : 12 deniers par livre sur les marchandises, ce que payera le vendeur, une aide du cinquième sur le sel, du treizième sur le vin et les autres breuvages. Duquel aide, pour la grande

  1. App. 232.