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HISTOIRE DE FRANCE

fameux chevaliers, et les compagnies encore plus redoutables. De la même plume, il signa les traités qui ruinaient l’Anglais, et minuta les pamphlets qui devaient ruiner le pape, livrer au roi les biens d’Église.

Ce médecin malade du royaume avait à le guérir de trois maux, dont le moindre semblait mortel : l’Anglais, le Navarrais, les compagnies. Il se débarrassa du premier, comme on l’a vu, en le soûlant d’or, en patientant jusqu’à ce qu’il fût assez fort. Le Navarrais fut battu, puis payé, éloigné ; on lui fit espérer Montpellier. Les compagnies s’écoulèrent vers l’Espagne.

Charles V s’aida d’abord de ses frères ; il leur confia les provinces les plus excentriques, le Languedoc au duc d’Anjou, la Bourgogne à Philippe-le-Hardi[1]. Il ne s’occupa que du centre. Mais il lui fallait un bras, une épée. Il n’y avait guère alors d’esprit militaire que parmi les Bretons et les Gascons. On célébrait le combat des Trente, où les Bretons avaient vaincu les Anglais[2]. Le roi s’attacha un brave Breton de Dinan, le sire Bertrand Duguesclin[3], qu’il avait vu lui-même au siège de Melun, et qui combattait pour la France depuis 1357.

La vie de ce fameux chef de compagnies qui délivra la France des compagnies et des Anglais a été chantée, c’est-à-dire gâtée et obscurcie, dans une sorte d’épopée chevaleresque que l’on composa probablement pour

  1. Il confirma le don que son père avait fait de la Bourgogne à Philippe-le-Hardi.
  2. App. 236.
  3. « En ce temps s’armoit et étoit toujours François, un chevalier de Bretagne qui s’appeloit messire Bertrand Duguesclin. » (Froissart.) App. 237.