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EXPULSION DES ANGLAIS

veille même du sacre ; belle étrenne de la nouvelle royauté. Charles V donna à Duguesclin une récompense telle que jamais roi n’en avait donné : un établissement de prince, le comté même de Longueville, héritage du frère du roi de Navarre. En même temps, il faisait couper la tête au sire de Saquenville, l’un des principaux conseillers du Navarrais. Il ne traitait pas mieux les Français qui se trouvaient parmi les gens des compagnies. On commença à se souvenir que le brigandage était un crime.

La guerre de Bretagne finit l’année suivante. Charles de Blois se résignait au partage de la Bretagne ; mais sa femme n’y consentit pas. Le roi de France prêta Duguesclin et mille lances à Charles. Le prince de Galles envoya à Montfort le brave Chandos, deux cents lances, autant d’archers, auxquels se joignirent beaucoup de chevaliers anglais[1].

Montfort et les Anglais étaient sur une hauteur, comme le prince de Galles à Poitiers. Charles de Blois ne s’en inquiéta pas. Ce prince dévot, qui croyait aux miracles et qui en faisait, avait refusé au siège de Quimper de se retirer devant le flux. « Si c’est la volonté de Dieu, disait-il, la marée ne nous fera aucun mal. » Il ne s’arrêta pas plus devant la montagne à Auray que devant le flux à Quimper.

Charles de Blois était le plus fort. Beaucoup de Bretons, même de la Bretagne bretonnante, se joignirent à lui, sans doute en haine des Anglais[2]. Duguesclin

  1. App. 239.
  2. App. 240.