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HISTOIRE DE FRANCE

avait battu ses gens, et mieux il vous traitait. Il venait d’accueillir le Vendéen Clisson, l’un de ceux qui avaient le plus contribué à la défaite des Français à Auray. Il offrit au captal de Buch le duché de Nemours. Il donna au sire d’Albret une fille de France en mariage. Ce fut pour les Gascons un grand encouragement de voir un des leurs devenir prince, beau-frère des rois de France et de Castille.

Le 25 janvier 1369, le prince de Galles reçut à Bordeaux un docteur ès lois et un chevalier qui venaient, de la part du roi de France, lui remettre un exploit. C’était une sommation polie de venir à Paris, et de répondre en cour des pairs touchant certains griefs dont, « par foible conseil et simple information, il auroit molesté les prélats, barons, chevaliers et communes des marches de Gascogne aux frontières de notre royaume, de laquelle chose nous sommes tout émerveillés[1] ». Le malade, ayant pris connaissance du message, dit fièrement le mot de Guillaume-le-Conquérant : « Nous irons, mais ce sera le bassinet en tête, et soixante mille hommes à notre compagnie… Il en coûtera cent mille vies. » Le prince était de si mauvaise humeur qu’après avoir permis aux messagers de s’en aller, il fit courir après, et les mit en prison sous un prétexte : « De crainte qu’ils n’allassent recorder leurs sougles (plaisanteries) et leurs bourdes (railleries) au duc d’Anjou qui vous aime tout petit, et qu’ils disent comme ils m’ont ajourné en mon hôtel même[2]. »

  1. Froissart.
  2. Idem.