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EXPULSION DES ANGLAIS

Le roi de France, tout au contraire, avait l’air de croire que cette affaire de Gascogne ne touchait point le roi d’Angleterre. Au même moment, il lui envoyait un présent de cinquante pipes de bon vin, dont pourtant l’Anglais ne voulut pas. Il avait naguère encore acquitté un des payements de la rançon du roi Jean.

Charles savait endurer et patienter. Ses affaires n’en marchaient pas moins. Au nord, il gagnait les gens des Pays-Bas. Il pratiquait le Ponthieu, Abbeville. Au midi, il avait, de longue date, fait placer par le pape des évêques à lui dans toutes les provinces anglaises. Au delà des Pyrénées, il envoyait Duguesclin et quelques gens des compagnies pour aider les Castillans à se débarrasser du roi que les Anglais leur avaient imposé. Don Enrique promettait en retour d’armer contre les Anglais une flotte double de celle du roi de France.

Don Pèdre avait pour lui beaucoup de Communes, précisément à cause de sa cruauté à l’égard des nobles. Il avait surtout les Maures et les juifs, mauvais auxiliaires qui n’étaient pas capables de le défendre et qui donnaient une fâcheuse couleur à son parti. Il s’était retiré dans un des pays les moins chrétiens d’Espagne, dans l’Andalousie. Don Enrique et Duguesclin, emmenant rapidement un petit corps d’hommes sûrs, ne lui laissèrent pas le temps de reconnaître le nom des assaillants. Les juifs qui, contre toutes leurs habitudes, avaient pris les armes, les jetèrent au plus vite ; les Maures avec leurs flèches