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HISTOIRE DE FRANCE

ne pouvaient arrêter la grosse cavalerie. Duguesclin défendit qu’on fit quartier à ces mécréants. Don Pèdre n’eut que le temps de se jeter dans le château de Montiel. On dit que Duguesclin lui promit de le faire évader et qu’il le trahit ; que les deux frères étant venus en présence dans la tente de Don Enrique, ces furieux se jetèrent l’un sur l’autre ; que Don Pèdre ayant mis Enrique dessous, Duguesclin prit Don Pèdre par la jambe et le mit sous son frère, qui le poignarda[1].

La bataille de Montiel eut lieu le 14 mars. À la fin d’avril, Charles V éclata, surprit le Ponthieu et défia le roi d’Angleterre. Le défi fut porté à Westminster par un valet de cuisine. Le choix du messager, en chose moins grave, eût semblé épigrammatique. Ces conquérants, maltraités en Espagne par les fruits, en France par les vins, étaient malades, vieillis de leurs excès. Un fils d’Édouard III, Lionel, mourait à Milan d’indigestion. Les Anglais soutinrent qu’il était empoisonné.

Il n’y avait que trop de bonnes raisons pour rompre la paix. Les Anglais l’avaient rompue eux-mêmes en lâchant leurs compagnies sur la France. Charles V n’en parla pas, non plus que des réclamations des Gascons au traité de Brétigny, pas davantage de leurs privilèges violés par les Anglais. Il aima mieux chercher dans les chartes du traité quelque défaut de forme. Les États généraux, consultés par lui avec

  1. Au lieu de Duguesclin, qu’Ayala fait intervenir, Froissart nomme le vicomte de Roquebertin.