déférence, décidèrent que son droit était bon (9 mai 1369). Il se fit donner par la cour des pairs sentence pour confisquer l’Aquitaine ; il dit hardiment dans cet acte que la suzeraineté et le droit d’appel avaient été réservés par le traité de Brétigny.
Il pouvait mentir hardiment : tout le monde était pour lui. Les compagnies se déclarèrent françaises. Les évêques d’Aquitaine lui donnaient leurs villes ; de longue date, l’archevêque de Toulouse les avait gagnés : soixante villes, bourgs ou châteaux chassèrent les Anglais, même Cahors, même Limoges, dont les évêques semblaient tout anglais. Le roi de France méritait ces miracles ; tout maladif qu’il était, il faisait continuellement, pieds nus, de dévotes processions[1]. Les prêcheurs populaires parlaient pour lui. Le roi d’Angleterre faisait bien aussi prêcher l’évêque de Londres ; mais il n’avait pas le même succès[2].
Toutes les villes qui se rendaient à Charles V obtenaient confirmation et augmentation de privilèges. On suit le progrès de sa conquête de charte en charte : Rodez, Figeac, Montauban, février 1370 ; Milhaud en Rouergue, mai ; Cahors, Sarlat, juillet[3].
Il est difficile de croire qu’une tête aussi froide, aussi sage, ait eu réellement l’idée d’envahir l’Angle-
- ↑ App. 252.
- ↑ « Au voir dire, il étoit de nécessité à l’un roi et à l’autre, puisque guerroyer vouloient, qu’ils fissent mettre en termes et remontrer à leur peuple l’ordonnance de leur querelle, pourquoi chacun entendit de plus grand volonté à conforter son seigneur ; et de ce étoient-ils tous réveillés en l’un royaume et en l’autre. » (Froissart.)
- ↑ App. 253.