Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 3.djvu/382

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
372
HISTOIRE DE FRANCE

terre[1]. Il fit tout ce qu’il fallait pour le faire croire, sans doute afin d’attirer les Anglais dans le Nord, et de les empêcher d’étouffer le mouvement du Midi. Ils débarquèrent en effet une armée à Calais sous le duc de Lancastre. La grande et grosse armée française, conduite par le duc de Bourgogne, cinq fois plus forte que l’anglaise, avait défense expresse de combattre. Elle resta immobile, puis se retira, sous les huées des Anglais[2]. Ceux-ci n’en perdirent pas moins leur temps et leur argent. Les villes du Nord étaient en bon état. Dans le Midi ils avaient regagné plusieurs places, mais en perdant ce qui valait bien plus, l’irréparable capitaine auquel ils devaient les victoires de Poitiers, d’Auray et de Najara, le sage et habile Jean Chandos.

Ce brave homme avait tout prévu. Dès le moment que le prince de Galles s’obstina, contre son avis, à imposer ce fatal fouage, Chandos se retira en Normandie. Puis, le Midi se soulevant, il revint pour réparer le mal, pour sauver les imprudents qui n’avaient pas voulu l’écouter ; mais il espérait peu de cette guerre. L’historien du temps le représente fort triste et mélancolieux, comme s’il eût prévu sa mort prochaine et la perte des provinces anglaises. Après sa mort, le roi d’Angleterre suivit enfin son avis, et révoqua l’impôt. Il était trop tard.

Les Anglais étaient, comme on est dans le malheur, de plus en plus malhabiles et malheureux. Ils auraient

  1. Froissart.
  2. Idem.