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HISTOIRE DE FRANCE

d’entraîner le fils au combat. Il leur proposa un duel, mais leur refusa la bataille[1].

À Noyon, l’outrage fut plus sanglant. L’Écossais Seyton sauta les barrières de la ville, ferrailla une heure avec les Français, et sortit sain et sauf[2]. L’armée anglaise vint aussi jusqu’en Champagne, jusqu’à Reims, jusqu’à Paris, détruisant et brûlant tout ce qu’elle trouvait, cherchant s’il y aurait quelque ravage assez cruel, quelque piqûre assez sensible pour réveiller l’honneur de l’ennemi. Pendant un jour et deux nuits qu’ils furent devant Paris, le roi, de son hôtel Saint-Paul, voyait sans s’émouvoir la flamme des villages qu’ils incendiaient de tous côtés. Une nombreuse et brillante chevalerie, les Tancarville, les Coucy, les Clisson, étaient dans la ville, mais il les retenait. Clisson, dont la bravoure était connue, encourageait cette prudence cruelle : « Sire, vous n’avez que faire d’employer vos gens contre ces enragés ; laissez-les se fatiguer eux-mêmes. Ils ne vous mettront pas hors de votre héritage, avec toutes ces fumières. »

Au moment du départ, un Anglais approcha de la barrière Saint-Jacques, qui était tout ouverte et pleine de chevaliers. Il avait fait vœu de heurter sa lance aux barrières de Paris. Nos chevaliers l’applaudirent et le laissèrent aller[3]. Cet outrage aux murailles de la cité, à l’honneur du pomœrium, chose si sainte chez les

  1. App. 254.
  2. « Seigneurs, je vous viens voir ; vous ne daignez issir hors de vos barrières, et j’y daigne bien entrer. » (Froissart.)
  3. « Allez-vous-en, allez-vous-en, vous vous êtes bien acquitté. » (Idem.)