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EXPULSION DES ANGLAIS

Sainte-Chapelle. En Angleterre, les funérailles furent troublées. Quatre jours après la mort d’Édouard, la flotte de Castille, chargée des troupes de France, courut toute la côte en brûlant des villes : Wight, Rye, Yarmouth, Darmouth, Plymouth et Winchelsea. Jamais du vivant d’Édouard et du prince de Galles l’Angleterre n’avait éprouvé un pareil désastre.

De toutes parts le roi de France faisait une guerre de négociations. Depuis cinq ans il empêchait le mariage d’un fils d’Édouard avec l’héritière de Flandre, par défaut de dispense papale ; il obtint sans difficulté cette dispense pour son frère, le duc de Bourgogne, parent de la jeune comtesse au même degré. Le père ne voulait pas de ce mariage, non plus que les villes de Flandre. Mais la grand’mère, comtesse d’Artois et de Franche-Comté, fit dire à son fils, le comte de Flandre, qu’elle le déshéritait s’il ne donnait sa fille au prince français. Le mariage se fit pour le désespoir du roi d’Angleterre, qui voyait cette immense succession prête à échoir à la maison de France. La France, mutilée à l’Ouest, se formait sa vaste ceinture de l’Est et du Nord.

Cet échec et ceux que les Anglais éprouvèrent encore près de Bordeaux allaient les décider à faire ce qu’ils auraient dû faire tout d’abord, à s’unir avec le roi de Navarre. Ils lui auraient donné Bayonne et le pays voisin, il eût été leur lieutenant en Aquitaine. Le Navarrais, plus fin qu’habile, envoyait son fils à Paris pour mieux tromper le roi, tandis qu’il traitait avec les Anglais. Il lui advint comme à Louis XI à Péronne.