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EXPULSION DES ANGLAIS

vacance, le nouvel élu payait au pape l’annate, ou première année du revenu[1].

Une autre chose dont se plaignaient le plus les seigneurs patrons de l’église, et les chanoines ou moines qui concouraient aux élections, c’est ce qu’on appelait les réserves. Le pape arrêtait d’un mot l’élection ; il déclarait qu’il s’était réservé de nommer à tel évêché, à telle abbaye. Ces réserves, qui donnaient souvent un pasteur italien ou français à une église d’Angleterre, d’Allemagne, d’Espagne, étaient fort odieuses. Cependant, elles avaient souvent l’avantage de soustraire les grands sièges aux stupides influences féodales, qui n’y auraient guère porté que des sujets indignes, des cadets, des cousins des seigneurs. Les papes prenaient quelquefois au fond d’un couvent ou dans la poussière des universités un docte et habile clerc pour le faire évêque, archevêque, primat des Gaules ou de l’Empire.

Les papes d’Avignon n’eurent pas pour la plupart cette haute politique. Pauvres serviteurs du roi de France, ils laissaient la papauté devenir ce qu’elle pouvait. Ils ne voyaient dans les réserves qu’un moyen de vendre des places, de faire de la simonie en grand. Jean XXII déclara effrontément qu’en haine de la simonie il se réservait tous les bénéfices vacants dans la chrétienté la première année de son pontificat[2]. Ce fils d’un savetier de Cahors laissa en

  1. Les archevêques de Mayence et de Cologne payaient chacun au pape vingt-quatre mille ducats pour le pallium.
  2. App. 267.