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HISTOIRE DE FRANCE

papa lacrymando populo prædicavit, inter omnia gratia agens Deo et populo Anagniæ de vita sua. Tandem in fine sermonis dixit : Boni homines et mulieres, constat vobis qualiter inimici mei venerunt et abstulerunt omnia bona mea, et non tantum mea, sed et omnia bona Ecclesiæ, et me ita pauperem sicut Job fuerat dimiserunt. Propter quod dico vobis veraciter, quod nihil habeo ad comedendum vel bibendum, et jejunus remansi usque ad præsens. Et si sit aliqua bona mulier quæ me velit de sua juvare eleemosyna, in pane vel vino : et si vinum non habuerit, de aqua permodica, dabo ei benedictionem Dei et meam… Tunc omnes hæc ex ore papæ clamabant : « Vivas, Pater sancte. » Et nunc cerneres mulieres currere certatim ad palatium, ad offerendum sibi panem, vinum vel aquam… Et cum non invenirentur vasa ad capiendum allata, fundebant vinum et aquam in arca cameræ papæ, in magna quantitate. Et tunc potuit quisque ingredi et cum papa loqui, sicut cum alio paupere. » (Walsingh. apud Dupuy, Preuves, 196.)


37 — page 81Philippe envoya au pape un mémoire contre Boniface, etc.

« La forme de cet acte est bizarre ; à chaque titre d’accusation il y a un éloge pour la cour de Rome. Ainsi : « Les saints Pères avaient coutume de ne point thésauriser ; ils distribuaient aux pauvres les biens des églises. Boniface, tout au contraire, etc. » C’est la forme invariable de chaque article. On pouvait douter si c’était bien sérieusement que le roi attribuait ainsi à un seul pape tous les abus de la papauté. » (Dupuy, Preuves, p. 209-210.)

Cet acte, rédigé en langue vulgaire, était plutôt un appel du roi au peuple, etc.

« À vous, très noble prince, nostre Sire, par la grace de Dieu Roy de France, supplie et requière le pueuble de vostre royaume, pour ce que il appartient que ce soit faict, que vous gardiez la souveraine franchise de vostre royaume, qui est telle que vous ne recognissiez de vostre temporel souverain en terre fors que Dieu, et que vous faciez déclarer que le pape Boniface erra manifestement et fit péché mortel, notoirement en vous mandant par lettres bullées que il estoit vostre souverain de vostre temporel… Item… que l’on doit tenir ledit Pape pour herège… L’on peut prouver par vive force sans ce que nul n’y pusse par raison répondre que le pape n’eut oncques seigneurie de vostre temporel… Quand Dieu le Père eut créé le ciel et les quatre éléments, eut formé Adam et Ève, il dit à eux et à leur succession : Quod calcaverit pes tuus, tuum