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HISTOIRE DE FRANCE

l’origine des choses, et qui se sont trouvez intéressez dans les partis, puissans ennemis de la vérité, en leur donnant des motifs et des fins vitieuses, au lieu que le zèle à la vertu y prend d’ordinaire la meilleure part ? » (Dupuy, p. 1.)


98 — page 159Le reniement des Templiers était symbolique

Voy. plus haut, t. II, livre III et livre IV, Éclaircissements, les cérémonies grotesques et la fête des idiots, fatuorum : « Le peuple élevait la voix… il entrait, innombrable, tumultueux, par tous les vomitoires de la cathédrale, avec sa grande voix confuse, géant enfant, comme le saint Christophe de la légende, brut, ignorant, passionné, mais docile, implorant l’initiation, demandant à porter le Christ sur ses épaules colossales. Il entrait, amenant dans l’église le hideux dragon du péché, il le traînait, soûlé de victuailles, aux pieds du Sauveur, sous le coup de la prière qui doit l’immoler. Quelquefois aussi, reconnaissant que la bestialité était en lui-même, il exposait dans des extravagances symboliques sa misère, son infirmité. C’est ce qu’on appelait la fête des idiots, fatuorum. Cette imitation de l’orgie païenne, tolérée par le christianisme, comme l’adieu de l’homme à la sensualité qu’il abjurait, se reproduisait aux fêtes de l’enfance du Christ, à la Circoncision, aux Rois, aux Saints-Innocents. »


99 — page 160, note 1Déposition du précepteur d’Aquitaine…

Celui qui le recevait, l’ayant revêtu du manteau de l’Ordre, lui montra sur un missel un crucifix et lui dit d’abjurer le Christ, attaché en croix. Et lui tout effrayé le refusa s’écriant : Hélas ! mon Dieu, pourquoi le ferais-je ? Je ne le ferai aucunement. — Fais-le sans crainte, lui répondit l’autre. Je jure sur mon âme que tu n’en éprouveras aucun dommage en ton âme et ta conscience ; car c’est une cérémonie de l’Ordre, introduite par un mauvais grand maître, qui se trouvait captif d’un soudan, et ne put obtenir sa liberté qu’en jurant de faire ainsi abjurer le Christ à tous ceux qui seraient reçus à l’avenir : et cela fut toujours observé, c’est pourquoi tu peux bien le faire. Et alors le déposant ne le voulut faire, mais plutôt y contredit, et il demanda où était son oncle et les autres bonnes gens qui l’avaient conduit là. Mais l’autre lui répondit : Ils sont partis et il faut que tu fasses ce que je te prescris. Et il ne le voulut encore faire. Voyant sa résistance, le chevalier lui dit encore : Si tu voulais me jurer sur les saints Évangiles de Dieu que