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APPENDICE

tant que toujours il fut liement et honorablement traité en dîners et en grands soupers. » (Froiss., ch ccclxxviii, p. 167.)


236 — page 352On célébrait le combat des Trente, où les Bretons avaient vaincu les Anglais…

On a élevé un monument sur la lande de Mi-Voie, près Ploërmel, pour perpétuer le souvenir de cet événement. Voy. le poème publié par M. de Fréminville, en 1819, et par M. Crapelet, en 1827. Voy. aussi M. de Roujoux, Hist. de Bretagne, III, 381. — La douleur de Beaumanoir, lorsqu’il rencontra les paysans bretons traînés en esclavage par les Anglais, est exprimée avec une touchante naïveté :

Il vit peiner chétifs, dont il eut grand’pitié.
L’un estoit en un ceps et li autre ferré, …
Comme vaches et bœufs que l’on mène au marché.
Quand Beaumanoir les vit, du cœur a soupiré !

Beaumanoir, s’en plaignant à l’Anglais Bemborough, en reçoit la réponse suivante :

Biaumaner, taisiez-vous ; de ce n’est plus parlé,
Montfort si sera duc de la noble duché,
De Nante à Pontorson, et même à Saint-Mahé,
Édouard sera roy de France couronné.

Et Beaumanoir, selon le poète, lui répond humblement :

Songiez un autre songe, cestuy est mal songié ;
Car jamais par tel voie n’en aurez demi pié.

Au commencement de la bataille, l’Anglais crie à Beaumanoir :

Rends-toi tôt, Beaumanoir, je ne t’occiray mie ;
Mais je feray de toi biau présent à ma mie ;
Car je lui ai promis, et ne veux mentir mie,
Que ce soir te mettrai dans sa chambre jolie (honnête.)
Et Beaumanoir répond : Je te le surenvie !
… De sueur et de sang la terre rosoya.

Beaumanoir, demandant à boire, reçoit de Geoffroy Dubois la fameuse réponse :

Bois ton sang, Beaumanoir, ta soif se passera !

L’histoire, dit le poète, en fut écrite, et peinte en tappichies :

Par tretous les États qui sont de ci la mer ;
Et s’en est esbattu maint gentil chevalier,