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HISTOIRE DE FRANCE

dance quant au temporel. Ils ont fait tout ce qu’ils ont pu pour l’adoucir ; ils l’ont supplié de permettre qu’ils allassent aux pieds de la béatitude apostolique. Mais la réponse est venue du roi et des barons qu’on ne leur permettrait aucunement de sortir du royaume. Ils sont tenus au roi par leur serment de fidélité à la conservation de sa personne, de ses honneurs et libertés, à celle des droits du royaume, d’autant plus que nombre d’entre eux tiennent des duchés, comtés, baronies et autres fiefs. Enfin, dans cette nécessité extrême, ils ont recours à la providence de Sa Sainteté, « avec des paroles pleines de larmes et des sanglots mêlés de pleurs, implorant sa clémence paternelle, etc. ».

Cette lettre, si différente de l’autre, contient pourtant également le grand grief de la noblesse : « Les prélats n’ont plus de quoi donner, pas même de quoi rendre, aux nobles dont les ancêtres ont fondé les églises[1]. »

Pendant que la lutte s’engageait ainsi contre le pape, une grande et terrible nouvelle avait compliqué l’embarras. Les États s’étaient assemblés le 10 avril. Mais, le 21 mars, le massacre des Vêpres siciliennes s’était renouvelé à Bruges. Quatre mille Français avaient été égorgés dans cette ville.

La noblesse était réunie aux États. Il ne s’agissait que de la faire chevaucher vers la Flandre, tout animée de colère qu’elle était déjà, toute gonflée d’orgueil féodal, et de lui faire gagner une belle bataille

  1. App. 19.