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HISTOIRE DE FRANCE

leurs élections municipales et le maniement de leurs affaires ; c’était mettre les riches contre soi. Puis il frappa les pauvres : il mit l’impôt d’un quart sur le salaire quotidien de l’ouvrier. Le Français, habitué à vexer nos petites communes, ne savait pas quel risque il y avait à mettre en mouvement ces prodigieuses fourmilières, ces formidables guêpiers de Flandre. Le lion couronné de Gand, qui dort aux genoux de la Vierge[1], dormait mal et s’éveillait souvent. La cloche de Roland sonnait pour l’émeute plus fréquemment que pour le feu. — Roland ! Roland ! tintement, c’est incendie ! volée, c’est soulèvement[2] !

Il n’était pas difficile de prévoir. Le peuple commençait à parler bas, à s’assembler à la tombée du jour[3]. Il n’y avait pas vingt ans qu’avaient eu lieu les Vêpres siciliennes.

D’abord trente chefs de métiers vinrent se plaindre à Châtillon de ce qu’on ne payait pas les ouvrages commandés pour le roi. Le grand seigneur, habitué aux droits de corvée et de pourvoierie, trouva la réclamation insolente et les fit arrêter. Le peuple en armes les délivra et tua quelques hommes, au grand effroi des riches, qui se déclarèrent pour les gens du roi. L’affaire fut portée au parlement. Voilà le parlement de Paris qui juge la Flandre, comme tout à l’heure il jugeait le roi d’Angleterre.

Le parlement décida que les chefs de métiers

  1. App. 20.
  2. App. 21.
  3. « Convenire, conferre, colloqui inter se sub crepusculum noctis multitudo. » (Meyer.)