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HISTOIRE DE FRANCE

« Le glorieux prince des apôtres, le bienheureux Pierre, parlant en esprit, nous a dit que, tout comme aux temps anciens, de même dans l’avenir, il viendra de faux prophètes qui souilleront la voie de vérité, et qui, dans leur avarice, dans leurs fallacieuses paroles, trafiqueront de nous-mêmes, à l’exemple de ce Balaam qui aima le salaire de l’iniquité. Balaam eut pour correction et avertissement une bête qui, prenant la voix humaine, proclama la folie du faux prophète… Ces choses annoncées par le père et patriarche de l’Église, nous les voyons de nos yeux réalisées à la lettre. En effet, dans la chaire du bienheureux Pierre siège ce maître de mensonges, qui, quoique Mal-faisant de toute manière, se fait appeler Boniface[1]. Il n’est pas entré par la porte du bercail du Seigneur, ni comme pasteur et ouvrier, mais plutôt comme voleur et brigand… Le véritable époux vivant encore (Célestin V), il n’a pas craint de violer l’Épouse d’un criminel embrassement. Le véritable époux, Célestin, n’a pas consenti à ce divorce. En effet, comme disent les lois humaines : Rien de plus contraire au consentement que l’erreur… Celui-là ne peut épouser, qui, du vivant d’un premier mari non indigne, a souillé le mariage d’adultère. Or, comme ce qui se commet contre Dieu fait tort et injure à tous, et que dans un si grand crime on admet à témoigner le premier venu, même la femme, même une personne infâme ; moi donc, ainsi que la bête qui, par la vertu du Seigneur, prit la voix

  1. App. 29.