s’apercevant du petit nombre d’étrangers, s’ameuta, chassa les Français et délivra son pape.
On l’apporta sur la place, qui pleurait comme un enfant. Selon le récit passionné de Walsingham, « il remercia Dieu et le peuple de sa délivrance, et dit : Bonnes gens, vous avez vu comme mes ennemis ont enlevé tous mes biens et ceux de l’Église. Me voilà pauvre comme Job. Je vous dis en vérité que je n’ai rien à manger ni à boire. S’il est quelque bonne femme qui veuille me faire aumône de pain ou de vin, ou d’un peu d’eau au défaut de vin, je lui donnerai la bénédiction de Dieu et la mienne. Quiconque m’apportera la moindre chose pour subvenir à mes besoins, je l’absoudrai de tout péché… Tout le peuple se mit à crier : Vive le saint-père ! Les femmes coururent en foule au palais pour y porter du pain, du vin ou de l’eau ; ne trouvant point de vases, elles versaient dans un coffre… Chacun pouvait entrer, et parlait avec le pape comme avec tout autre pauvre[1].
« Le pape donna au peuple l’absolution de tout péché, sauf le pillage des biens de l’Église et des cardinaux. Pour ce qui était à lui, il le leur laissa. On lui en rapporta cependant quelque chose. Il protesta ensuite devant tous qu’il voulait avoir paix avec les Colonna et tous ses ennemis. Puis il partit pour Rome avec une grande foule de gens armés. » Mais lorsqu’il arriva à Saint-Pierre et qu’il ne fut plus soutenu par le sentiment du péril, la peur et la faim dont il avait