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PHILIPPE-LE-BEL. — BONIFACE VIII

après l’événement : « La vie, état et condition du pape Maléface, racontée par des gens dignes de foi. Le 9 octobre, le Pharaon, sachant que son heure approchait, confessa qu’il avait eu des démons familiers, qui lui avaient fait faire tous ses crimes. Le jour et la nuit qui suivirent, on entendit tant de tonnerres, tant d’horribles tempêtes, on vit une telle multitude d’oiseaux noirs aux effroyables cris, que tout le peuple consterné criait : « Seigneur Jésus, ayez pitié, ayez pitié, ayez pitié de nous ! » Tous affirmaient que c’étaient bien les démons d’enfer qui venaient chercher l’âme de ce Pharaon. Le 10, comme ses amis lui contaient ce qui s’était passé, et l’avertissaient de songer à son âme… lui, enveloppé du démon, furieux et grinçant des dents, il se jeta sur le prêtre comme pour le dévorer. Le prêtre s’enfuit à toutes jambes jusqu’à l’église… Puis, sans mot dire, il se tourna de l’autre côté… Comme on le portait à sa chaise, on le vit jeter les yeux sur la pierre de son anneau et s’écrier : « O vous, malins esprits enfermés dans cette pierre, vous qui m’avez séduit… pourquoi m’abandonnez-vous maintenant ? » Et il jeta au loin son anneau. Son mal et sa rage croissant, endurci dans son iniquité, il confirma tous ses actes contre le roi de France et ses serviteurs, et les publia de nouveau… Ses amis, pour calmer ses douleurs, lui avaient amené le fils de maître Jacques de Pise, qu’il aimait auparavant à tenir dans ses bras, comme pour se glorifier dans le péché… mais à la vue de l’enfant, il se jeta sur lui, et, si on ne l’eût enlevé, il lui aurait arraché le nez avec les dents. Finalement