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HISTOIRE DE FRANCE

parti opposé, le modéré des modérés, Juvénal des Ursins. Ils le firent venir ; mais ils n’en purent tirer rien de praticable. Il ne voyait rien à faire, sinon prier les princes de se réconcilier et de rompre les négociations qu’ils avaient entamées avec les Anglais[1]. C’était simplement se soumettre et renoncer aux réformes. Cependant l’abattement était tel, le désir de la paix si fort, que cet avis entraînait tout le monde. Le seul Pavilly s’obstina ; il soutint que tout ce qui s’était fait était bien fait, et qu’il fallait aller jusqu’au bout[2].

Ces divisions, dont les princes étaient instruits, les encouragèrent sans doute à différer la publication de la grande ordonnance de réforme que l’Université avait d’abord si vivement sollicitée. Alors, sans plus s’inquiéter des docteurs qui l’abandonnaient, le moine, entraînant après lui le prévôt des marchands, les échevins, une foule de petit peuple et bon nombre de bourgeois intimidés, s’en alla hardiment prêcher le roi à Saint-Paul[3] (22 mai) : « Il y a encore, dit-il, de mauvaises herbes au jardin du roi et de la reine ; il faut sarcler et nettoyer ; la bonne ville de Paris, comme un sage jardinier, doit ôter ces herbes funestes,

  1. Il savait que les princes faisaient venir le duc de Clarence, et le duc de Bourgogne le comte d’Arundel.
  2. App. 140.
  3. « Et dans les trois tours dudit hostel mirent et ordonnèrent leurs gens d’armes. » (Monstrelet.) — « … Ont esté à Saint-Paul…, et après une collation faite par M. Eustace de Pavilly, maistre en théologie, de l’ordre de N.-D. des Carmes, tendant à fin d’oster les bons des mauvais… » (Archives, Registres du Parlement, Conseil.)