qui étoufferaient les lis[1]… » Quand il eut fini cette sinistre harangue, et accepté la collation qu’on offrit, selon l’usage, au prédicateur, le chancelier lui demanda au nom de qui il parlait. Le carme se tourna vers le prévôt et les échevins, qui l’avouèrent de ce qu’il avait dit. Mais le chancelier objectant que cette députation était peu nombreuse pour représenter la ville de Paris, ils appelèrent quelques bourgeois des plus considérables qui étaient dans la cour ; ceux-ci montèrent, à contre-cœur, et, se mettant à genoux devant le roi, protestèrent de leur bonne intention. Cependant, la foule augmentait ; toutes sortes de gens entraient sans qu’on osât leur interdire la porte, l’hôtel s’emplissait. Le duc de Bourgogne lui-même commençait à avoir peur de ses amis ; pour les décider à s’en aller, il s’avisa de leur dire que le roi était à peine rétabli, que ce tumulte allait lui faire mal, lui causer une rechute. Mais ils criaient de plus belle qu’ils étaient venus justement pour le bien du roi.
Alors le chirurgien Jean de Troyes exhiba une nouvelle liste de traîtres. En tête, se trouvait le propre frère de la reine, Louis de Bavière. Le duc de Bourgogne eut beau prier, la reine verser des larmes[2] ; Louis de Bavière, qui allait se marier, demandait au moins huit jours, promettant de se constituer prisonnier la semaine d’après ; ils furent inflexibles. Pour