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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 4.djvu/301

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HENRI V

Ces billets parurent une si heureuse invention de police et d’un si bon rapport, que désormais on en exigea partout. La Normandie entière devint une geôle anglaise. Ce gouvernement sage et dur ajouta à ces rigueurs un bienfait, qui parut une rigueur encore : l’unité de poids, de mesures et d’aunage, poids de Troyes, mesure de Rouen et d’Arques, aunage de Paris[1].

Le roi d’Angleterre, occupé d’organiser le pays conquis, accorda une trêve aux deux partis français, aux Bourguignons et aux Armagnacs. Il avait besoin de refaire un peu son armée. Il lui fallait surtout ramasser de l’argent et s’acquitter envers les évêques qui lui en avaient prêté pour cette longue expédition. L’Église lui faisait la banque, mais en prenant ses sûretés ; tantôt les évêques se faisaient assigner par lui le produit d’un impôt[2] ; tantôt ils lui prêtaient sur gage, sur ses joyaux[3], sur sa couronne, par exemple. Voilà sans doute pourquoi ils suivaient le camp en grand nombre[4]. À chaque conquête, ils pouvaient récupérer leurs avances, occupant les bénéfices vacants, les administrant, en percevant les fruits. Si les absents s’obstinaient à ne pas revenir, le roi disposait de leurs bénéfices, de leurs héritages, en faveur de ceux qui le suivaient. La terre ne manquait pas. Beaucoup de gens aimaient mieux tout perdre que de revenir. Le pays de

  1. Rymer.
  2. Par exemple, en 1415, il engage à l’archevêque de Cantorbéry et aux évêques de Winchester, etc., la perception de droits féodaux. App. 219.
  3. Par exemple, le 24 juillet 1415, le 22 juin 1417. (Rymer.)
  4. « Prælatorum, semper sibi assistentium, consilio… » (Religieux.)